SES MECANISMES ET SES MANIFESTATIONS
On définit une émotion comme étant une réaction à une situation et on nomme, évènement déclencheur, ce qui provoque la réaction émotionnelle, mais il est important de comprendre que cette réaction émotionnelle, peut être différente même si le déclencheur est identique.
Je donne un exemple :
Maman rentre à la maison, elle revient du boulot, avant de se détendre un peu, elle va voir si sa fille a bien rangé sa chambre, comme elle le lui a demandé ce matin, elle ouvre la porte de sa chambre : EMOTION !!!
Mais la maman peut réagir différemment à la vision de ce désordre dans la chambre, elle peut être surprise, elle peut s'en amuser, ou encore, être agacée.
Personnellement, je ne suis plus surpris lorsque que je rentre dans la chambre de mon ado !
Oui c'est facile ... juste au cas où ma grande aurait la bonne idée de lire son papa adoré ...
On comprend alors que nos émotions ne se "fabriquent" pas, depuis l’extérieur mais bien de quelque part à l’intérieur de nous, c'est donc notre lecture de la situation, notre façon de l'interpréter, de la comprendre, qui va produire une réaction émotionnelle particulière.
En résumé, la vision de la chambre mal rangée, n'est pas la cause de l'agacement de la maman.
Une émotion est donc une réaction à un évènement déclencheur, à savoir, que celui-ci peut être extérieur (une situation de vie réelle comme dans l'exemple) ou bien intérieur, c'est à dire qu'il émane de notre pensée (souvenir, anticipation ...).
C'est à dire que le papa (bah oui, il en faut pour tout le monde !) peut exprimer de l'agacement en se remémorant l'état de la chambre de sa fille (souvenir), ou bien de l'enthousiasme à l'idée de découvrir une chambre bien rangée en rentrant à la maison (anticipation).
On peut définir l’émotion comme étant une réponse adaptative à notre environnement, mais c’est aussi quelque chose qui nous permet de nous maintenir en vie, qui s’est mis en place à l’aube de l’humanité (l’instinct de survie)
Imaginer l’environnement hostile des premiers hommes sur terre, rendez-vous compte, comment il était vital pour eux, d’avoir une réponse immédiate, de leur organisme face à leurs situations ... pas le temps de se poser des questions devant un tyrannosaure !
L'émotion peut nous faire prendre conscience d’un danger par exemple, c'est un signal qui permet à l'organisme de mobiliser instantanément l’énergie suffisante, la rediriger aux endroits du corps les plus appropriés (cerveau, bras, jambes) pour que nous puissions réagir à la situation (fuite, combat).
Et vous, plutôt fuite ou combat ?
vous connaissez surement cette sensation dans la poitrine, comme un coup de poing dans l'estomac, cela peut arriver lorsque l'on a peur de quelque chose, c'est en fait le sang qui quitte la zone, pour se rediriger vers des endroits du corps plus stratégiques.
Cela permet de poser le fait que l'émotion n'est pas qu'un processus psychique, elle se vit dans le corps, elle chamboule le corps, elle crée des modifications physiologiques, à l’intérieur du corps.
Quelques exemples de modifications physiologiques :
- Le cœur qui bat plus vite
- La respiration qui s’accélère
- Changement de t° du corps
- Modification de la tension dans les muscles
- Modification du flux sanguin
- Modification de la sécrétion salivaire
plus ces modifications dans le corps sont importantes, plus nos ressentis sont intenses, et plus notre émotion est forte.
Si on analyse la liste des modifications physiologiques dans son ensemble, on peut constater que l’on a aucun pouvoir dessus, c’est-à-dire que même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas agir sur ces modifications.
*(Je reviendrai sur cette affirmation).
Tout cela est gérer par notre système nerveux autonome, qui ne communique pas avec notre volonté et notre conscience.
C’est lui, le système nerveux autonome qui gère nos fonctions vitales en permanence.
Ce fameux système nerveux autonome est constitué de trois parties, parmi elles, le système nerveux sympathique, le système nerveux parasympathique et enfin le système nerveux entérique (partie qui contrôle le système digestif, de façon indépendante)
Le système nerveux sympathique est responsable du contrôle d’un grand nombre d’activités automatiques de l’organisme : c’est celui qui est chargé d’activer et de rehausser les paramètres des fonctions vitales (rythme cardiaque, respiratoire, température corporelle, …), pour simplifier, c’est lui qui est chargé de préparer le corps à l’action, de faire face à une situation de stress par exemple.
Le système nerveux parasympathique, lui est au contraire, chargé de baisser ces paramètres et de les ramener à la normale.
*Je reviens sur ce que je disais concernant la volonté et la conscience qui n’avait pas de prise sur le système nerveux autonome : il y a une chose que nous sommes en capacité de faire consciemment, pour contribuer à aider le système parasympathique au relâchement de certaines tensions, c’est de respirer de façon ample et profonde.
C'est à dire qu’il nous est possible d’apaiser nos ressentis en se relaxant, en se relâchant de façon volontaire à travers la respiration.
De fait, tous les accompagnements axés sur la respiration, type : sophrologie, relaxation progressive, cohérence cardiaque, yoga … sont très adaptés pour apprendre à retrouver un état d’apaisement, à gérer, à minima, les manifestations physiologiques de l’émotion.
LA NOTION DE DUREE ET L'ASPECT POSITIF DE L'EMOTION
Une émotion ne dure pas dans le temps, elle agit une petite dizaine de minute au maximum dans les cas les plus intenses, puis s’épuise naturellement car les modifications des fonctions vitales vécues de façon continue mettraient notre organisme en danger.
L’émotion est un phénomène affectif passager (accompagné de ressentis physiques).
On définit un sentiment, comme étant un phénomène affectif durable dans le temps (parfois à vie), produit par le mental avec peu de répercussion physique.
On parle d'humeur, qui est aussi un phénomène affectif comme étant un état passager (quelques heures, 1 journée) qui s’installe progressivement selon le type de situations vécues, elle peut apparaitre, ou disparaitre assez rapidement.
L'émotion, quant à elle, s'impose directement, notre partie rationnelle n'est pas activée.
Elle est perçue comme étant agréable ou pas, selon nos ressentis et le sens de l'expérience que l'on vit (aspect subjectif)
Ce qui ramène au fait que l'émotion est positive, elle à une fonction positive, celle de nous permettre de nous adapter au mieux à notre environnement et de garantir notre survie (si c'est pas positif ca !!!).
Elle peut être perçue comme désagréable, mais arrêtons de dire qu'une émotion est négative, ca ne sert à entretenir que la mauvaise idée de ne pas les vivre pleinement.
Elle nous aide à identifier un besoin et à le satisfaire, par exemple : la peur nous informe sur notre besoin de sécurité - la colère, sous forme de frustration ou d'agacement, nous informe sur notre besoin de reconnaissance, de se sentir entendu - la tristesse nous informe sur notre besoin de réconfort, ...
En résumé, l'émotion agréable nous informe d'un besoin satisfait et l'émotion désagréable, d'un besoin non satisfait, et ces informations sont essentielles pour notre équilibre personnel !
LES CATEGORIES DES EMOTIONS
voici les six émotions primaires (aussi appelée émotions fondamentales, ou encore émotions de base) selon Paul Eckmann, qui compose le registre émotionnel.
Nous les nommons comme cela, car ce sont des émotions visibles sur le visage, et déjà existantes chez le bébé.
- La joie
- La tristesse
- La colère
- La surprise
- La peur
- Le dégout
Il est important pour notre développement personnel, pour une meilleure connaissance de nous-même, de pouvoir reconnaitre une émotion, d’arriver à différencier pour chacune d'elles, ses nuances, puis de les nommer.
Du fait que la langue Française soit très riche, nous avons beaucoup de possibilités pour décrire une émotions, en voici quelques exemples :
- La joie : comblé, émerveillé, motivé, optimiste, enchanté, enjoué, …
- La tristesse : abattu, bouleversé, chagriné, découragé, impuissant, mélancolique, …
- La colère : agacé, aigri, contrarié, furieux, énervé, hostile, fâché, frustré, …
- La surprise : étonné, émerveillé, fasciné, confus, troublé, stupéfait, …
- La peur : affolé, angoissé, anxieux, horrifié, inquiet, terrorisé, paralysé, craintif, …
- Le dégout : écœuré, répugné, contrarié, méprisé, …
A côté des six émotions fondamentales, on pose les émotions secondaires, souvent plus complexes (lié au mental) tel que :
La culpabilité, la jalousie, la gratitude, la sympathie, le mépris, l’orgueil, la fierté, l’antipathie, la tendresse, … toutes d’ailleurs ne sont pas identifiables sur le visage.
L’amour, n’est pas considéré comme une émotion de base, car il n’est pas identifiable sur le visage et est lui-même composé de différentes émotions : tendresse, joie, attirance, désir, attachement, appréhension, …
on peut dire qu’il y a beaucoup plus de possibilité, de ressentir, d'observer nos émotions désagréables, car il y a beaucoup plus de façon de nous signaler nos besoins à satisfaire.
Les émotions détournées
Nous avons vu que les émotions sont des réactions à un évènement déclencheur, mais il y a tout de même des exceptions, qui font que l’émotion n’apparait de la manière « normale ».
- Les émotions de substitution :
Cela correspond au fait qu’une émotion va prendre la place d’une autre.
Prenons l’exemple d’un garçon, à qui l'on répète depuis tout petit, qu’un homme ne pleure pas, que la tristesse c’est pour les faibles, que ce n'est pas viril, … alors à un moment donné, la colère par exemple, peut venir remplacer, substituer, l’émotion de base (sorte de dysfonctionnement)
- La contamination :
C'est le fait qu’une émotion du passé est réactivée par un déclencheur du présent
- L’accumulation :
C'est "la goutte d’eau qui fait déborder le vase", le fait qu’un déclencheur à priori banal, libère la tension de nombreuses émotions jusque-là non exprimées, refoulées.
Il peut se produire alors, un déplacement et une explosion (décharge émotionnelle)
Un exemple classique : quelque chose au travail, déclenche une émotion chez une personne, celle-ci la contient jusqu'à son retour à la maison, où là, elle va "exploser", c'est à dire, libérer toutes les tensions jusqu'alors contenues, pour une raison X, qui semblera pouvoir justifier sa décharge émotionnelle.
- La contagion :
C'est le fait qu'une émotion véhiculée par un groupe de personne est transmise à un individu (sport, manifestation, meeting …)
- La transmission générationnelle est l'hypothèse que certaines émotions pourraient être transmises d’une génération à l’autre, de manière inconsciente (secret de famille, le syndrome anniversaire).
LA CONSCIENCE EMOTIONNELLE
Elle désigne la capacité à percevoir, à sentir, à reconnaitre les émotions chez nous ou chez les autres.
Cette conscience peut être plus ou moins développée, on la représente parfois sous la forme d’une échelle (échelle de conscience émotionnelle selon Steiner & Perry)
En bas de l'échelle, l'engourdissement, et en haut de l'échelle, l'interactivité. Voici le détail et les explications de ce qui la compose :
- L’engourdissement : aucune conscience de l’émotion, ni sur le plan physique ni sur le plan psychique. Il s’agit d’un état pathologique, que l’on peut retrouver à la suite de traumatismes graves ou dans un état de stress post-traumatique.
- Les sensations physiques : conscience des sensations, de l’impact physique des émotions (maux de tête, bouffée de chaleur, vertige), mais pas de conscience de l’émotion elle-même. À ce stade, les personnes se plaignent de symptômes physiques, mais elles ne font pas de lien avec un élément affectif.
- L’expérience primaire : conscience d’une activation physiologique, d’une énergie perturbatrice, mais incapacité à identifier les émotions et donc à en parler. Les personnes savent qu’elles sont bouleversées et elles peuvent dire qu’elles sont émues, mais elles ne peuvent pas dire de quelle émotion il s’agit.
- La différenciation : c'est la capacité à reconnaître et à différencier les émotions courantes telles que la colère, la joie, la peur, ... ainsi que leur intensité.
La capacité à nommer les émotions se situe à ce palier.
- Causalité : c'est la capacité à distinguer ses émotions et à en identifier le déclencheur, les besoins ...
- L’empathie : c'est la capacité à percevoir et à prendre conscience des émotions des autres (pour identifier les émotions chez les autres, il faut d’abord être capable de les identifier chez soi)
- L’interactivité : capacité à utiliser les émotions pour favoriser l' interaction dans nos situations relationnelles
J'espère que vous avez apprécié lire ces quelques lignes ... Il y a encore beaucoup à dire sur l'émotion bien entendu ... l'occasion d'un prochain post ...
Je vous dit à bientôt et surtout prenez soin de vous !
Comments